Le tri des biodéchets en 2024 : un virage écologique essentiel pour les collectivités, les professionnels et les particuliers

Les biodéchets constituent une catégorie spécifique de déchets, essentielle à comprendre dans le cadre d'une gestion écologique des ressources. Ils sont principalement composés de matières organiques d'origine végétale ou animale, y compris les déchets alimentaires et les déchets verts. Une caractéristique notable des biodéchets est leur forte teneur en eau, atteignant environ 80%. Cette composition rend leur incinération non seulement inefficace sur le plan énergétique mais aussi coûteuse, tandis que leur enfouissement est préjudiciable à l'environnement en raison de la production de méthane, un gaz à effet de serre dont le pouvoir de réchauffement global est 25 fois supérieur à celui du CO2.

Sur le plan quantitatif, les biodéchets représentent une part conséquente des déchets ménagers. En moyenne, chaque Français produit environ 83 kg de déchets alimentaires par an, ce qui équivaut à 30% de l'ensemble des déchets ménagers (source : Service Public). Cette quantité significative souligne l'importance d'une gestion adéquate de ces déchets, non seulement pour minimiser l'impact environnemental mais aussi pour réduire les coûts associés à leur traitement.

Le tri efficace et la valorisation des biodéchets représentent une avancée majeure pour l'environnement. Cette démarche contribue de manière significative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, généré par l'enfouissement des déchets organiques. Ainsi, en orientant les biodéchets vers des traitements appropriés plutôt que vers des décharges, il est possible de diminuer de manière notable son impact négatif sur le climat.

Au-delà de la réduction des émissions nocives, la gestion adéquate des biodéchets ouvre la voie à leur valorisation sous diverses formes. L'une des plus importantes est la transformation en biogaz, une source d'énergie renouvelable. Le biogaz, obtenu par la méthanisation des biodéchets, peut être utilisé pour produire de l'électricité, du chauffage ou encore comme carburant pour véhicules. Cela représente une alternative précieuse aux énergies fossiles, contribuant à la transition énergétique et à la souveraineté énergétique des territoires.

En outre, le compostage des biodéchets, qu'il soit individuel, collectif ou industriel, permet de produire du compost et du digestat, des amendements riches en nutriments bénéfiques pour les sols. Ces produits naturels améliorent la qualité des sols, favorisent la croissance des plantes et réduisent le besoin en engrais chimiques, soutenant ainsi les pratiques d'agriculture durable.

La gestion efficace des biodéchets a également un impact positif sur la réduction de la quantité globale des déchets. En triant les biodéchets, les ménages et les entreprises contribuent à réduire la quantité d'ordures ménagères résiduelles, ce qui entraîne une diminution des coûts de traitement et de gestion des déchets.

Enfin, la valorisation des biodéchets s'inscrit dans une perspective d'économie circulaire, où les déchets sont transformés en ressources. Cette approche non seulement réduit l'impact environnemental, mais encourage également le développement d'industries locales et de filières de valorisation, créant ainsi des emplois et renforçant la cohésion des territoires.

L'adoption du tri à la source des biodéchets n'est pas seulement une initiative écologique ; elle est également encadrée par des obligations légales qui reflètent l'engagement croissant des autorités en faveur d'une gestion durable des déchets. Ces obligations légales sont inscrites dans le cadre de la loi antigaspillage de 2020 et les directives européennes, visant à transformer notre approche de la gestion des déchets.

Conformément à l'article L. 541-21-1 du code de l’environnement, les personnes produisant ou détenant des quantités importantes de biodéchets sont tenues de mettre en place un tri à la source. Cette exigence légale implique soit une valorisation sur place, comme le compostage, soit une collecte séparée des biodéchets pour en permettre une valorisation ultérieure, notamment par le compostage industriel ou la méthanisation. Cette obligation légale est devenue effective pour tous les acteurs, y compris les collectivités territoriales et les établissements privés et publics, au plus tard le 31 décembre 2023.

Cette législation vise à instaurer une gestion plus responsable des biodéchets, en encourageant leur valorisation plutôt que leur élimination. La mise en œuvre de cette obligation nécessite des efforts concertés de la part des collectivités et des professionnels. Les collectivités sont invitées à mettre en place des stratégies efficaces pour la collecte et le traitement des biodéchets, tandis que les professionnels sont encouragés à adopter des pratiques de tri à la source et à explorer des solutions de valorisation adaptées à leurs activités.

Pour les collectivités, l'implémentation d'une stratégie efficace pour le tri des biodéchets est essentielle pour répondre aux obligations légales et environnementales. La réussite de cette initiative repose sur plusieurs aspects clés, chacun contribuant à une gestion plus durable et écologique des déchets.

A. Approches de Collecte et de Traitement

Les collectivités ont à leur disposition plusieurs options pour la collecte et le traitement des biodéchets. Parmi elles, la collecte séparée et la gestion de proximité sont des méthodes courantes. La collecte peut être organisée porte-à-porte ou via des points d'apport volontaire. En fonction des caractéristiques du territoire, certaines collectivités peuvent opter pour un système de récipients ou de bioseaux spécifiques pour faciliter le tri à la source par les ménages.

B. Règles d'Or pour un Déploiement Réussi

• Information et Formation : Les services de l'État, les associations d'élus, et d'autres acteurs ont développé des ressources pour accompagner les collectivités dans la mise en place du tri des biodéchets. Ces ressources sont cruciales pour s'informer et se former sur les meilleures pratiques.
• Adaptation aux Caractéristiques du Territoire : Chaque collectivité doit évaluer ses spécificités - forces, lacunes, besoins - pour choisir les méthodes de tri et de valorisation les plus appropriées.
• Identification des Aides Financières : Les collectivités peuvent bénéficier de soutiens financiers, tels que ceux proposés par le Fonds vert du Gouvernement, pour faciliter la mise en place de systèmes de tri des biodéchets.
• Implication des Usagers : La réussite du tri des biodéchets dépend fortement de l'engagement des citoyens. Il est donc essentiel d'impliquer les usagers à travers la concertation, la communication, et la pédagogie pour assurer l'adoption des bons gestes de tri.
• Suivi et Valorisation des Résultats : Un suivi régulier et la communication sur les résultats de la collecte et la valorisation des biodéchets encouragent une meilleure participation des ménages et des professionnels, et permettent d'évaluer l'efficacité des mesures prises.

C. Options de Valorisation

Une fois collectés, les biodéchets peuvent être traités de différentes manières :

• Compostage : Que ce soit à l'échelle individuelle, collective ou industrielle, le compostage transforme les biodéchets en compost, un amendement riche pour les sols.
• Méthanisation : Cette méthode permet de transformer les biodéchets en biogaz, une source d'énergie renouvelable.

Pour les professionnels, la gestion des biodéchets représente un défi, mais également une opportunité de s'engager dans des pratiques durables et responsables. Voici quelques stratégies clés et solutions adaptées pour les professionnels afin de gérer efficacement leurs biodéchets.

A. Analyse et Réduction de la Production de Biodéchets

La première étape pour une gestion efficace des biodéchets consiste à analyser sa production au sein de l'établissement. Cette analyse aide à identifier les possibilités de réduction des déchets, telles que la lutte contre le gaspillage et les dons d'invendus. Il est également crucial de collaborer avec les municipalités et les fédérations professionnelles pour comprendre les solutions disponibles. Les établissements peuvent adapter leurs espaces de travail et former leurs équipes au tri efficace des biodéchets. Enfin, la mise en place de solutions adaptées, comme le compostage en établissement ou la collecte séparée, est essentielle.

B. Estimations des Biodéchets par Type d'Établissement

La production de biodéchets varie considérablement en fonction du type d'établissement. Par exemple :

• Les grandes et moyennes surfaces et épiceries produisent environ 11,1 kg de biodéchets par mètre carré par an.
• Les boulangeries génèrent approximativement 264 kg par équivalent temps plein par an.
• Les restaurants commerciaux, d'entreprise, les traiteurs et les établissements touristiques produisent environ 140 g de biodéchets par repas.
• La restauration collective en établissement de soin et scolaire produit respectivement 80 g et 100 g de biodéchets par repas.

C. Options de Valorisation pour les Professionnels

Les professionnels ont plusieurs options pour valoriser les biodéchets :

• Compostage en Établissement : Certains établissements peuvent opter pour le compostage sur site, qui transforme les biodéchets en compost utilisable pour l'agriculture ou l'aménagement paysager.
• Collecte Séparée : La collecte séparée, réalisée soit par la collectivité soit par un prestataire privé, est une autre option, qui permet d'acheminer les biodéchets vers des installations de traitement spécialisées pour la méthanisation ou le compostage industriel.

D. Importance de la Formation et de l'Engagement des Équipes

La réussite du tri des biodéchets dans les établissements professionnels dépend en grande partie de l'implication et de la formation des équipes. Une bonne organisation et des espaces de travail bien structurés rendent le tri moins contraignant et plus efficace. De plus, impliquer les employés dans le processus et les sensibiliser aux bénéfices environnementaux de la gestion des biodéchets peut générer un sentiment de fierté et d'engagement envers des pratiques durables.

En abordant la question du tri et de la valorisation des biodéchets, il est essentiel de clarifier certaines idées reçues qui peuvent entraver l'adoption de ces pratiques. Voici quelques-unes de ces idées fausses courantes et les faits qui les contredisent :

Le compostage est la seule option pour les biodéchets

Bien que le compostage soit une méthode populaire de valorisation des biodéchets, il n'est pas la seule option. La méthanisation, par exemple, est une alternative viable qui permet de transformer les biodéchets en biogaz, une source d'énergie renouvelable. De plus, le compostage industriel peut se faire en dehors du lieu de production des biodéchets, offrant ainsi plus de flexibilité.

Le tri à la source des biodéchets est coûteux

Bien qu'il y ait des investissements initiaux à prévoir pour la mise en place du tri à la source, ces coûts s'équilibrent sur le long terme. En fait, trier les biodéchets à la source peut conduire à une réduction de la quantité totale de déchets produits, entraînant ainsi une diminution des coûts de traitement et d'élimination des déchets.

Le compost sent mauvais

Un compost bien géré ne devrait pas dégager de mauvaises odeurs. Un compost sain produit de la chaleur mais pas d'odeur désagréable. Il est important de se former correctement ou de travailler avec des partenaires spécialisés pour s'assurer que le compostage est réalisé de manière adéquate.

La gestion des biodéchets est de la responsabilité exclusive des municipalités

Alors que les collectivités jouent un rôle crucial dans la collecte et le traitement des biodéchets, les producteurs de déchets, y compris les entreprises, ont également une responsabilité dans la gestion de leurs biodéchets. Les collectivités peuvent offrir des services de collecte, mais les entreprises doivent aussi explorer des solutions adaptées à leurs besoins spécifiques.

Le tri des biodéchets est une charge de travail supplémentaire pour les équipes

Si le tri des biodéchets nécessite une certaine organisation et formation, il ne doit pas être perçu comme un fardeau. Au contraire, les employés formés à ces pratiques peuvent ressentir un sentiment de fierté et de contribution à une cause environnementale. De plus, avec des espaces de travail bien organisés, le tri des biodéchets ne devrait pas entraîner une perte de temps significative.

En dissipant ces idées reçues, les collectivités et les professionnels peuvent aborder le tri et la valorisation des biodéchets avec une perspective plus claire et plus positive. Cela permet de reconnaître les biodéchets non pas comme un simple déchet, mais comme une ressource précieuse qui, si elle est correctement gérée, peut apporter des bénéfices environnementaux et économiques significatifs.

Pour conclure, abordons un aspect pratique essentiel : la couleur des conteneurs de tri, un repère visuel important pour le bon tri des déchets. 

Les emballages recyclables comme le papier, le carton, les plastiques et les métaux trouvent leur place dans les conteneurs jaunes ou bleus, suivant le système de tri local. 

Les biodéchets peuvent être jetés dans des conteneurs de couleur marron.

Le verre trouve sa place dans le conteneur vert. 

Quant aux déchets non recyclables et non organiques, ils doivent être déposés dans les conteneurs de couleur grise ou noire, réservés aux ordures ménagères. 

Il est important de se familiariser avec les codes couleurs spécifiques de sa municipalité ou de son service de gestion des déchets, car ils peuvent varier d'un endroit à l'autre. Une bonne connaissance de ces codes couleur et une vigilance dans le tri des déchets contribuent de manière significative à une gestion plus efficace et plus respectueuse de l'environnement.